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Sa poupée de chiffon
Bonjour les ami(e)s
Aujourd'hui, je vais vous raconter un souvenir personnel
Petite, entre deux et sept ans, j'étais en nourrice, jour et nuit, chez une dame que j'appelais Mémère Néno (c'était son nom).
Je me souviens encore d'une histoire qu'elle m'a raconté maintes et maintes fois et qui m'a profondèment marquée.
Quand elle était fillette dans les années 1900 et qu'elle allait à la ville avec sa mère, elle passait devant la vitrine d'un bazar (la Coopérative, je crois) où il y avait des jouets et en particulier des poupées. Une lui plaisait beaucoup et elle aurait bien voulu que Saint Nicolas ou le Père Noël, je ne sais plus lequel, lui fasse ce cadeau, mais, malheureusement ses parents avaient peu de moyens et ne pouvaient pas lui offrir.
Sa mère lui avait fabriqué une poupée de chiffon qu'elle aimait beaucoup. A chaque évènement, anniversaire, fêtes, etc..., sa maman lui confectionnait en tricot ou en tissu des vêtements pour la garde-robe de sa poupée. Elle me disait qu'elle avait passé des heures et des heures à jouer avec sa Mireille, c'est le prénom qu'elle lui avait donné et qu'elle a également donné à sa fille.
Un jour, je devais avoir cinq ou six ans, Mémère Néno m'a fait une surprise, elle m'a emmené dans sa chambre (pièce secrète et interdite) pour me la montrer. Elle était dans son armoire, bien enveloppée dans un papier de soie dans une boîte à chaussures. Elle était usée et salie mais je l'ai trouvée belle dans sa robe en satin jaune d'or et ses cheveux de laine ... Elle m'a permis de lui faire un bisou et elle a refermé la boite, je ne l'ai jamais revue ...
Des années plus tard, la première fois que j'ai lu le livre de Victor Hugo, les Misérables, l'histoire de la poupée de Cosette m'a fait penser à celle de ma nourrice
Cette histoire m'a inspiré ce poème :
Sa Poupée de chiffon
Quand elle était petite elle passait souvent
Devant un magasin d'adorables poupées
Aux robes de dentelle, à l'air presque vivant
Dans leur vitrine artistement posées.
Sa douce maman alors s'arrêtait en chemin
Pour lui dire gentillement : "regarde comme elles sont belles
Avec leurs cheveux soyeux, leurs lèvres rouge carmin
Et dans leurs doigts mignons leur élégante ombrelle !"
Tous les autres enfants restaient les yeux éblouis
En extase et, rêveurs, disaient à la petite :
"Comme elles sont belles !" et elle répondait "oui ,,,"
Mais entraînait sa mère à passer plus vite.
Sa maman lui demande : "Pourquoi presser le pas !"
N'y a-t-il pas de poupée qui te convienne ?"
La fillette rougit soudain, puis elle lui dit tout bas :
"Je ne veux pas les voir, j'aime beaucoup trop la mienne".
"Elle est bien belle aussi, la mienne, mais j'ai peur,
Maman ! J'ai très peur qu'une autre soit plus belle,
Et qu'après j'aime moins la mienne ! ,,, alors mon coeur
Se serre ,,, moi, tu vois, je ne veux aimer qu'elle !"
Et je t'ai plainte car ton naïf et jeune tourment
C'est déjà de l'amour, ô douloureux problème
D'autres amours viendront et ton coeur trop aimant,
Ton pauvre petit coeur sera toujours le même !
Il ne saura qu'un nom, il n'aura qu'un espoir
Et dans le tourbillon de ce monde éphémère
Tu t'en iras rêvant, sans entendre et sans voir
Obstinément fidèle à ta première chimère.
Lili
BON WEEK-END
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Commentaires
Bonsoir lili, comme c'est beau cette histoire vraie et ce poème, que de beaux souvenir, merci du partage, gros bisous
de poupée...je n'en ai jamais eu
mais je ressents dans ce charmant poême bien autre chose qu'une histoire de poupée...
bisous -bisous ma Lili
HL.
une très belle histoire de poupée!
nous n'étions pas riche, très peu de cadeaux chez nous aussi!
malili, c'est magnifique
bisous nadette
C'était de l'amour en effet, la peur de perdre l'être aimé qui déjà se glissait dans son coeur. Ce que tu écris là est très beau et très émouvant, d'une délicate sensibilité. L'histoire de la poupée de Cosette m'a toujours beaucoup touché également. Ton poème vient s'y ajouter, comme un délicieux bouquet de roses à côté.
Bisouset bon lundi
Alain
De belles photos de poupées anciennes ! Et un magnifique poème pour une si jolie histoire... C'est très touchant !
Merci ma Lili et bravo.
Je t'embrasse très fort.une belle histoire et un poème rempli d'émotion où perle l'inquiétude d'un coeur aimant qui sra sélectif et fidèle.
gros bisous
Poème très attendrissant, Lili! Ce genre de souvenirs déchirent, quand ils remontent à la surface...
Plein de sensibilité dans tes vers, comme d'habitude!
Bonne fin de soirée! Bisous
Lili-Rose Merci
beaucoup de passions et peu de temps
quand je serais à la retraite j'aurai de quoi m'occuper les mains (rires)
bisous
et te relire est toujours un plaisir
Une jolie histoire et un poème merveilleux .........
On a toujours peur de perdre l'amour qu'on éprouve pour quelqu'un, ici une poupée ,
Car il nous semble si précieux à nos yeux
Bon et doux Samedi LILI
Bisous
timilo
Bonsoir Lili,
Je reviens lire et admirer tes belles poupées.
Je te souhaite un bon dimanche. Froid ici et chez toi aussi sans doute.
Bisous de nous deux
Alain
Bonjour lili, tu as ce don d'intégrer des trames et des métaphores importantes au fil de tes lignes qui en disent long sur la psychologie féminine et la dangerosité des égarements dûs aux chimères qui peuvent sensiblement pertuber la vie sentimentale d'un être fidèle, jusqu'à se mettre les oeillères.
Bisous et bonne semaine
Le Noctamplume
Cette histoire te va bien Lili! Comme moi tu as eu l'immense privilège chance de cotoyer une dame née dans l'autre siècle...C'est bien d'évoquer leur souvenir, un humain disparaît vraiment quand plus personne ne s'en souvient.
Très belle histoire. J'ai connu une poupée telle que celle-ci mais elle n'était pas à moi non plus ! Biz
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une belle histoire